L'Etat du Bihar, nord de l'Inde, un des Etats les plus pauvres. L'école de Narayanpur, petit village à 15 Km de Samastipur. Ne cherchez pas Narayanpur sur Google maps, c'est trop petit. Pourtant il y a une école de 150 gamins répartis sur trois classes. Et deux institutrices et un instituteur qui font un travail remarquable.
L'association Aide et Action participe à son développement, en tant que donateur je m'y suis rendu début novembre 2011 afin de me rendre compte par moi-même des besoins.
Extraordinaire rencontre où j'ai reçu énormément, accueil au delà de la sympathie, véritable soif de partager et d'échanger. Une rencontre avec des femmes et des hommes complètement investis dans une mission, l'éducation est la condition première pour sortir de la pauvreté.
Bien sûr les besoins sont immenses, mais paradoxalement cela fonctionne plutôt pas mal. Les Indiens sont optimistes et pragmatiques, par rapport à nous Français cela change tout. Pas de plainte, de récrimination permanente. Ce que l'on a à notre disposition, on l'utilise de façon optimale.
Efficacité et organisation. Efficacité quand on pratique sans problème le discrimination positive, l'organisation de la société indienne en castes est un frein à son développement. Il n'y a donc aucun tabou à mettre sur un listing des élèves d'une classe leur religion et leur appartenance à telle caste. Faire plus pour ceux qui ont moins est une évidence. Efficacité quand l'évaluation est faite avec précision, chaque élève étant noté sur les acquis de base. C'est au demeurant le nom du projet: B2B, back to bases. Le retour aux fondamentaux, aucun élève ne doit sortir du système sans maîtriser les savoirs de base. Etrangement n'est-ce pas un thème redevenu fortement d'actualité chez nous?
Sacrée organisation car en fait sur ce district il y une centaine d'écoles gérées par le Centre for all round developement (CARD). Suivi et assistance auprès des enseignants, élaboration de matériels pédagogiques spécifiques en Hindi (Teaching Learning Material -TLM-)...
Une mention particulière sur le rôle des familles, l'éducation des jeunes passe aussi par la prise de conscience des familles de la nécessité de leur présence quotidienne à l'école. Travail sans relâche auprès des mères afin qu'elles soient partie prenante de ce projet même si elles-mêmes sont analphabètes. Visites régulières dans les villages des membres du CARD et organisation de réunions, les mata communauty, les communautés des mères.
Je suis parti à Narayanpur avec l'idée que je pouvais aider mieux cette école, qu'il fallait voir de visu les besoins réels. Je reviens avec la conviction que la communauté éducative est saisie d'une véritable mission, que l'école n'est pas le lieu de querelles politiques où il faut vite défaire ce que l'autre à fait. Je reviens avec le sentiment que malgré les grandes difficultés, l'efficacité de cette école est optimale car elle est objet de consensus.
Notre pays, la France, est le quatrième membre de l'OCDE quant aux dépenses pour l'éducation par rapport à son PIB Et pourtant les préoccupations sont les mêmes: retour aux savoirs de bases, refus de la sortie du système scolaire sans leur maîtrise, implication des familles...
Cependant je vous invite vivement, que ce soit avec Aide et Action ou d'autres ONG à aider même modestement cette communauté éducative qui mérite que vous les rencontriez et qui nous donne une sacrée leçon.
Prochaine étape: voir comment l'e-éducation au travers de programme comme Sankoré peut participer au développement des écoles du district de Samastipur.
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