L'OCDE (rapport PISA) vient de produire une grande étude consacrée aux impacts des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans le cadre de l'éducation et par conséquent des apprentissages.
Ce rapport met lucidement sur la table l'insuffisance des résultats. Il en nomme les principales causes et propose des pistes pour rendre plus efficient l'utilisation de ces technologies.
Pour quelqu'un qui comme moi consacre 10 ans de sa vie professionnelle à la promotion de ces technologies au service de l'éducation, ce questionnement est exigeant et salutaire.
Important à mes yeux: faire un peu d'histoire
L'organisation de la classe actuelle nous semble naturelle et presque éternelle, comme si cela avait toujours été le cas. J'ai déjà abordé cette question qui me parait essentielle car cette classe n'est en fait que le résultat des progrès scientifiques du 19ème siècle, où innovations technologiques engendrent les innovations pédagogiques . L'invention de notre pédagogie est datée, elle est liée à un contexte.
Ce que dit l'OCDE sur la situation actuelle
Le rapport reconnait d'abord l'importance de la présence des TIC dans l'école en vue de la préparation des élèves à leur vie d'adulte. Les TIC ont révolutionné tous les aspects de notre vie et l'école doit les outiller à cette fin. Sans entrer dans les détails, ce point semble correctement remplit.
Mais qu'en est-il des apports des TIC au niveau des apprentissages? Et la réponse est assez cinglante, les résultats sont bien en deçà de ce que pourrions espérer!!! Et le rapport d'égrener quelques vérités:
- nous surestimons souvent les capacités numériques des enseignants et des élèves
- nos stratégies de déploiement sont trop naïves et superficielles
- nous avons finalement un bas niveau de réflexion sur la pédagogie
- enfin nous avons une qualité très moyenne, voire faible, des solutions et contenus numériques
Je partage entièrement ce constat, par exemple je suis sidéré de voir, encore aujourd'hui, que pour beaucoup un manuel numérique peut être un manuel papier transformé en PDF. Dans mon métier de consultant, j'ai toujours beaucoup de mal à déplacer le centre de gravité des projets vers la formation et le suivi des enseignants, la qualité des ressources numériques. Il est tellement plus facile de discuter des mérites respectifs des TNI vs VPI.
Mais les raisons de ces résultats sont nombreuses et l'OCDE enfonce le clou: "Technology can amplify great teaching, but great technology cannot replace poor teaching"
Ce que dit l'OCDE sur ce qu'il faut faire
L'OCDE est claire, ces outils sont essentiels pour le développement cognitif de nos enfants, ces outils sont une extraordinaire voie d'accès vers la connaissance. Ce ne sont pas les outils qui sont en cause dans l'appréciation de ce résultat, mais les stratégies que nous mettons en œuvre.
Et de conclure par cette phrase: il est vital que les enseignants deviennent des agents actifs du changement, pas simplement en implémentant des innovations techniques mais en les produisant.
Conclusion provisoire, une réorientation de la gouvernance
Comme mentionné plus haut, comment est-il possible de coller une pédagogie qui a été inventée à partir des innovations du 19ème siècle sur les innovations de notre temps? Les TIC exigent une refondation de la pédagogie. Mais je suis absolument certain que la situation actuelle pourrait s'améliorer facilement si déjà la formation des enseignants et leur accompagnement étaient mis comme une priorité.
Aujourd'hui cette formation ne représente qu'une part très faible des budgets des projets TIC dans l'éducation. Leur gouvernance doit se réorienter en insufflant un nouvel équilibre.
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